Les défis des musées : restons fidèles à leurs missions culturelles

Sommaire

Les défis des musées sont nombreux. Le bouleversement numérique de ces vingt dernières années a introduit de nouvelles habitudes quotidiennes chez les particuliers et les professionnels, mais a également remis en question les réflexes de consommation et les attentes des uns et des autres quant à « l’expérience produit ».

La médiation culturelle connaît elle aussi une profonde mutation qui se traduit par de nombreux paradoxes : une concurrence accrue dans le domaine du divertissement culturel, donc un intérêt potentiellement plus élevé du public mais également une image parfois datée. De même, la redécouverte du patrimoine à travers les nouveaux médias et réseaux sociaux met ou remet en lumière des musées et établissements culturels… Tout en décourageant parfois des visites puisqu’une grande partie du matériel culturel est déjà accessible !

Le virage de la modernisation des musées n’est plus une question. Il est impératif.

Pour les établissements ayant déjà sauté le pas depuis plusieurs années, l’exigence de l’évolution et de l’adaptation est constante : elle exige du recul sur les pratiques, une excellente connaissance du public et de ses attentes et bien sûr, un personnel formé et des moyens.

Pour les lieux culturels qui tardent à mettre en place des initiatives numériques, le fossé à franchir est d’autant plus impressionnant. Mais il offre l’avantage non-négligeable de mettre en place des solutions pensées sur-mesure et à la pointe pour répondre aux nouveaux défis des musées.

Un musée digital offre la possibilité d’élargir son public, de le sensibiliser par différents canaux, d’enrichir les contenus, de communiquer différemment. Les opportunités sont multiples, certaines exigeant des compétences ou des investissements plus ou moins importants.

Ces perspectives peuvent mener à de réelles avancées tant du point de vue de l’image que des sources de revenus : l’opportunité est réelle.

Table tactile inclinable Varitilt au Musée des Arts Asiatiques
Borne tactile DIGITALE musée exposition art

Le contexte contemporain

L'émergence d'un public toujours plus connecté : un nouveau défi pour les musées

Comment internet a bouversé notre quotidien

L’introduction d’Internet dans les foyers français remonte maintenant à une vingtaine d’années. Avec le bouleversement qu’ont représenté le haut débit et ensuite les offres groupées des box, il a définitivement conquis la France.

En 1998, moins de 2 % des foyers français étaient reliés au réseau mondial; ils sont aujourd’hui plus de 82 %.

Internet est plus qu’un outil, il a remis en question la plupart de nos gestes quotidiens :

  • L’information ne passe plus exclusivement par la radio ou la télévision. Elle est désormais accessible sur les nombreux sites spécialisés payants, gratuits ou les pages de news des moteurs de recherches.
  • Chaque question, chaque doute ou chaque interrogation trouve désormais sa réponse sur le web : qu’il s’agisse des devoirs des plus jeunes, d’une recette de cuisine ou du nom d’un auteur qui nous échappe.
  • On se repère : les itinéraires, les réservations de voyages et même la découverte de contrées lointaines sont à portée de clic avec des outils formidables tels que la cartographie photo par satellite.
  • On communique : par courrier électronique, par échange écrit instantané, par téléphone ou par visioconférence. On échange également des données en un instant avec l’envoi de pièce jointe : document officiel, photo, vidéo, plans arrivent à l’autre bout de la terre en une seconde.

Internet et notre rapport à la culture

On se cultive différemment et davantage grâce à Internet. Il s’agit d’un terrain de jeu fantastique pour le monde de la culture et créé de nouveau défis à relever pour les musées.

  • Il démocratise des pans de culture considérés autrefois comme élitistes ou inaccessibles : il est désormais très simple de visionner un opéra ou d’écouter en libre accès des chefs-d’œuvres de la musique classique.
  • Il élargit le spectre et stimule nos goûts : la lecture d’une interview, les posts de nos proches sur les réseaux sociaux sont autant d’opportunités de cliquer vers l’inconnu et de découvrir un film, un livre, un peintre qui jusque-là nous étaient inconnus.
  • Il stimule la création : en favorisant les échanges, Internet permet la concrétisation de projets artistiques, de collaborations inédites.
  • Il favorise et valorise l’archivage : l’accès à la mémoire est simplifié et de plus en plus, pensé pour être consultable par tous. Les archives nationales, les images des débuts de la télévision, l’état civil… Toutes ces institutions ont fait le choix d’un accès le plus ouvert possible.
Le téléphone dans notre quotidien : défis des musées
défis des musées : le public est de plus en plus connecté

L’omniprésence des écrans

Les Français passent en moyenne 3h par jour devant leur télévision. A ce chiffre considérable viennent s’ajouter environ 4h30 heures devant l’écran du smartphone et/ou de la tablette. L’usage peut être isolé ou multi-écran : il est désormais courant, notamment chez les jeunes générations, de regarder la télévision tout en surfant sur le web ou en discutant sur les réseaux sociaux via son téléphone.

Au quotidien, les Français utilisent leur téléphone près de 900 millions de fois. (selon l’AFJV)

L’apparition d’appareils toujours plus intuitifs séduit l’ensemble des générations. Les seniors ne sont pas en reste puisque bon nombre d’entre eux en possèdent un, qu’il s’agisse d’un modèle grand public ou d’un appareil spécialement conçu pour les personnes les plus âgées.

A ce smartphone, incontournable compagnon que chacun garde avec soi, vient s’ajouter la tablette. Appareil hybride entre le téléphone et l’ordinateur conventionnel, il assure un accès à Internet plus facile et plus confortable que sur un écran de téléphone.

La part belle est laissée aux applications ludiques ainsi qu’au visionnage de vidéos et de photos. L’appareil se prête également davantage à la lecture, notamment sur des sites dit « responsives », qui s’adaptent au format de l’écran pour un confort visuel et une esthétique optimisés.

Le smartphone est devenu, pour plus de 34 millions de Français, un outil du quotidien

Téléphone, instagram : défis des musées

Les écrans chez les plus jeunes

Totalement intégré pour les parents, l’usage du smartphone est devenu la norme chez les jeunes enfants, naturellement attirés par les écrans.

Dans de nombreuses familles, c’est même dès les premiers mois que les enfants sont exposés aux écrans puis incités à interagir avec eux. Le développement de jeux, de dessin-animés ou d’applications tout spécialement pensés pour accompagner le développement des bébés ne fait que surenchérir dans l’utilisation des outils technologiques chez les plus jeunes.

L’on voit déjà l’émergence de ces générations pour qui la télévision, le téléphone et la tablette sont venus remplacer les poupées ou les petites voitures. Ces jeunes auront une inclination naturelle vers les outils numériques, une aisance avec eux… mais également potentiellement un rejet ou une réticence à utiliser des médias plus conventionnels.

Enfant sur une tablette : défis des musées
Culture mobile : table tactile et bibliothèque interactive

La société du divertissement en concurrence frontale avec les musées

La société du spectacle

La société du spectacle était annoncée (et dénoncée) par nombre de philosophes et de sociologues, Guy Debord en premier lieu ; elle a eu tendance à se généraliser ces dernières années au point où l’approche ludique est devenue quasiment incontournable.

Les programmes divertissants envahissent les médias – télévision, radio, presse papier – jusqu’à venir déloger les traditionnels rendez-vous culturels, scientifiques, pratiques ou à caractère informatif.

Le divertissement en tant que loisir principal

Le divertissement est omniprésent et obtient la préférence de plus en plus souvent lorsqu’il s’agit d’occuper son temps libre. La télévision, la consultation de blogs, les médias numériques à caractère ludique, les jeux sont autant de loisirs chronophages dont la consommation facile et gratuite (la plupart du temps) empiète sur des temps qui étaient auparavant dédiés à la lecture, au cinéma, au théâtre, à des visites culturelles, notamment de musées.

Le loisir principal

L’apparition de technologies de pointe accessibles à moindre coût (voire gratuitement) au plus grand public s’immisce de plus en plus rapidement et imperceptiblement dans nos vies. Ainsi, en l’espace de quelques années, il est devenu difficile d’imaginer se passer de :

  • Photo satellite : pour repérer un itinéraire, évaluer la valeur d’un bien, se familiariser avec un quartier ou tout simplement pour découvrir une région inconnue
  • La 3D : la modélisation 3D se diversifie chaque jour davantage. Elle gagne les projets d’architecture mais également le prototypage, la médecine, la réparation d’objet, etc.
  • La vidéo et la photo à 360° : popularisées notamment par les réseaux sociaux qui les proposent comme une extension de plus à leurs membres, elles sont utilisées à des fins ludiques.
  • La diffusion de contenus vidéo en direct : une fois encore, les réseaux sociaux mettent à la portée de tous cette technologie qui devient une nouvelle façon de se mettre en scène à titre individuel.
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Une baisse des fréquentations chez les plus jeunes

Bien que les chiffres montrent une constance dans les statistiques de fréquentation des musées. 

D’après une récente étude du ministère de la Culture, 28 % des Français déclarent avoir visité un lieu culturel dans l’année, un chiffre en cohérence avec ces vingt dernières années, on observe une baisse de fréquentation des musées chez les jeunes.

Pourtant, l’offre ne cesse de s’étoffer, notamment avec des opérations comme la gratuité des musées publics le premier dimanche du mois, les Journées du patrimoine ou encore les grandes expositions médiatisées à Paris.

Cette désaffection des jeunes est à remettre en perspective avec la mutation numérique et l’exigence accrue de ce public, en quête de plus d’interactivité et d’adéquation des musées avec le monde contemporain.

Dispositifs audios installés au musée Guerre et Paix des Ardennes pour répondre aux défis des musées
Vidéoprojecteur interactif musée micro folies

Les défis des musées

Toucher un public plus vaste

La baisse de fidélité du public, la concurrence du divertissement et les mutations de la société sont autant de défis lorsqu’il s’agit pour un musée d’aller à la rencontre de son public et de chercher à toucher plus de visiteurs.

La base des visiteurs n’est plus stable ; le nombre de passionnés ou de curieux n’est plus acquis. Il faut se renouveler, surprendre, s’ouvrir, nouer des dialogues, des collaborations, des partenariats afin de répondre aux nouveaux défis des musées . Autant de pistes à explorer sur le court et le long terme. 

Toucher un public plus vaste, c’est aussi s’adresser à des catégories qui auparavant ne faisaient pas partie d’une cible naturelle :

  • Les jeunes : un public réputé difficile. Et pourtant, ce sont eux les visiteurs de demain ! En 2017, on parle de digital native, soit des individus qui n’ont pas connu l’avant numérique et qui sont littéralement nés devant une télévision, un smartphone dans la main et surfant sur une tablette et/ou un ordinateur personnel. Ce public exige une grande remise en question et un discours, un ton et des moyens qui leur sont propres.
  • Les enfants : autrefois délaissé, à part lors de traditionnelles sorties de classe, le jeune public est devenu un enjeu majeur pour les musées. Exposés encore plus tôt que leurs aînés au digital, ils réclament avant tout une approche ludique et une forte interactivité.
  • Les personnes handicapées : les personnes à mobilité réduite (qui peuvent également être des personnes âgées) ou celles souffrant d’un déficit sensoriel sont en demande d’une meilleure accessibilité, ce qui passe souvent par des travaux et aménagements dans les établissements. Mais parallèlement, le numérique peut être un excellent support alternatif pour découvrir ou redécouvrir un établissement culturel – pour que le musée se mette à la portée de chacun.
  • Les étrangers : comment se faire connaître ? Comment éveiller la curiosité de ceux dont la culture est parfois totalement étrangère ? Comment s’adresser à eux ? Autant de questions qui peuvent trouver leur réponse dans une meilleure utilisation des outils du numérique.
Technologie des Beacons pour un marketing plus ciblé
Musée digitalisé avec un mur d'image
Défis des musées : borne PMR

Développer l’expérience visiteur

L’expérience visiteur vient concurrencer l’expérience client : aujourd’hui, les grandes enseignes (et parfois même les petites), ne pensent plus seulement à leurs produits et leur offre pour séduire le client. Il faut plonger le client dans un univers propre, dans une bulle personnalisée qui reflète l’esprit de la marque, ce qu’elle cherche à faire transmettre. C’est l’une des grandes lignes du storytelling moderne.

Le musée ne se résume plus aux œuvres qu’il offre à la vue de ses visiteurs. Il s’incarne également entre autres dans :

  • Sa prise de parole dans les médias
  • Sa stratégie de publicité
  • Son identité visuelle, sa charte graphique
  • L’animation de ses réseaux sociaux
  • Ses locaux
  • Sa billetterie
  • Son espace d’accueil
  • L’accompagnement qu’il propose
  • Son programme d’animation, d’exposition, de partenariats, de collaboration

La modernisation de la médiation culturelle permet aussi de s’adapter à chaque profil de visiteur ou de futur visiteur et de répondre aux défis des musées. En offrant des contenus adaptés, accessibles via différents supports, le musée s’adresse tantôt aux jeunes publics, tantôt aux seniors, tantôt aux personnes à mobilité réduite, etc.

L’utilisation d’audioguide, l’interaction avec les smartphones (la lecture de QR code pour accéder à plus de contenus par exemple), les applications dédiées sont autant de moyens de répondre aux défis des musées et de personnaliser la visite d’un public exigeant en quête d’autonomie et de flexibilité.

Digitalisation du musée Micro Folie avec des tablettes tactiles

Favoriser le partage et l’accessibilité

L’usage accru du numérique pour les musées est également une formidable opportunité de développer un double canal pour les visiteurs : d’une part les œuvres appréciées pour leurs qualités matérielles, d’autre part leur dématérialisation qui assure le partage, la diffusion plus large et in fine, la démocratisation des collections du monde entier.

La modernisation et le développement de solutions technologiques vont également dans le sens d’une plus grande accessibilité pour les personnes souffrant d’un déficit sensoriel ou à mobilité réduite. Cette plus grande inclusion est en cohérence avec des politiques de long terme menées à l’échelle du pays et permet de répondre aux défis des musées.

Fidéliser le public, nouer un lien

Cette accessibilité assure une prise de parole plus fréquente sur des canaux variés. Les visiteurs sont davantage exposés aux contenus du musée et plus enclins à suivre son actualité.

C’est également une façon de valoriser la richesse des collections et de faire vivre des œuvres qui parfois ne peuvent être exposées, sont prêtées ou en rotation.

Table tactile inclinable Varitilt au Musée des Arts Asiatiques
Muséographie et marketing tactile au service de la transmission culturelle : Innovation digitale, installation d'une borne tactile dans le musée mémorial du linge, Kiosque d'affichage numérique interactif, culture mobile

Améliorer la gestion des établissements

Le numérique est aussi un outil. Un outil de gestion au quotidien qui aide à répondre uax nouveaux défis des musées :

  • Système d’archivage, de classement (aujourd’hui, 44 % des musées ont déjà choisi de numériser leur collection d’après une étude Axiell)
  • Billetterie – Gestion du personnel
  • Système de sécurité et de limitation des accès
  • Reporting, statistiques

Le passage à des logiciels globaux de gestion représente bien souvent un investissement important qui est largement compensé et amorti au vu du gain de temps, d’efficacité. La transition est bien souvent une période délicate, notamment pour le personnel. Les capacités d’adaptation et de réorganisation de chacun sont mises à rude épreuve, mais elle permet, in fine, d’aller vers davantage de rationalisation.

S’ouvrir à d’autres formes d’art

Enfin, le numérique n’est pas qu’un moyen, c’est aussi une fin. Un moyen d’expression dont se sont emparés des artistes contemporains.

Les œuvres issues de la PAO – publication assistée par ordinateur – et plus généralement toute forme d’art numérique se développent jusqu’à faire l’objet d’expositions et de collections propres.

Les musées dits traditionnels gagnent à décloisonner les genres et les supports et à intégrer à leurs expositions temporaires et permanentes ces formidables canaux vers l’art 2.0.

Le Musée des Arts Asiatiques, situé dans le sud de la France, offre une expérience immersive unique grâce à la digitalisation de ses espaces. Les visiteurs peuvent explorer les collections asiatiques en 3D, manipuler les œuvres virtuellement et accéder à des informations détaillées, le tout grâce à une table tactile VARITILT en 55”. 

Cette digitalisation renforce l’accessibilité des œuvres tout en offrant une expérience interactive. L’autonomie offerte au personnel du musée pour mettre à jour les contenus assure une évolution continue de l’application.

Si vous souhaitez explorer davantage de projets tels que celui-ci, nous vous invitons à vous rendre sur notre page dédiée.

Découvrez notre projet réalisé pour le Musée des Arts Asiatiques en vidéo 

La digitalisation est une réponse nécessaire aux défis des musées. En élargissant leur public, en améliorant l’expérience visiteur grâce aux outils numériques, en favorisant le partage des collections et en optimisant leur gestion, les musées peuvent se moderniser tout en restant fidèles à leur mission culturelle. Cette transformation permet aux musées de rester pertinents dans une société en constante évolution, tout en offrant des opportunités nouvelles pour l’engagement du public et la préservation du patrimoine culturel.

Si vous voulez en savoir plus, découvrez notre diagnostic et notre analyse stratégique sur la digitalisation des musées.

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